« Pas facile pour un bandonéon, de se défaire de son ancrage argentin. Encore moins quand l'instrumentiste s'est fait connaître en célébrant le père du tango Nuevo Astor Piazzolla - l'album Piazzolla 2021. Alors Louise Jallu ne contourne rien mais détourne, pour mieux s'approprier musique classique ou chanson. Son nouveau répertoire, le bien nommé Jeu, donne ainsi lieu sur scène à des clins d'oeil et tours de passe-passe réjouissants... est anthologique. » Anne Berthod

Louise Jallu is making her mark at the forefront of artistic creation, to the point that this album seems too short, as one is carried away by her musical propositions.

Dire que Louise est bandonéoniste n'est pas tout à fait pertinent : il serait plus juste de dire que c'est une musicienne qui joue du bandonéon. Car même pour un admirateur du musette et de la musique tango (dont je suis) elle confère immédiatement à son instrument une élégance et une sorte de noblesse stylistique assez rares sur cet instrument.

Avec Jeu, dont elle a débuté l’écriture en 2022 à La Villa Médicis, elle poursuit dans le même sens de l’histoire. Jazz, classique, contemporain, chanson, Louise Jallu fait volontiers valser les étiquettes par une écriture esthète, sans jamais rompre tout à fait le fil narratif qui la relie à l’esprit du fondamental tango. Schumann, Fritz Kreisler, Georges Brassens, Bach, Wozzeck ou encore Ravel sont ainsi invoqués, dans un tourbillon sonore dont il ressort un plaisir de jouer, au singulier du suggestif comme au pluriel du collectif. À tout juste trente ans, forcément, on reste bouche bée et les oreilles grandes ouvertes.

Dans cette nouvelle proposition, Louise Jallu s’amuse à nourrir sa partition et son vocabulaire en empruntant à Robert Schumann, Fritz Kreisler, Georges Brassens, Jean-Sébastien Bach ou Maurice Ravel, pour les mener dans un autre univers sonore, y apportant sa propre vision.
Elle joue avec les modes, s’autorise beaucoup. Sans rien ni personne trahir. Elle s’amuse dans ce jeu d’écriture mais aussi à se « se mettre en jeu », dit-elle.

Aussi, le concert d’hier a-t-il été un véritable choc. Nul rôle ici de faire-valoir, mais, en dépit d’une écriture très serrée, une réelle interaction ne laissant aucun répit à la soliste principale qui, enfin, déjoue les tics que j’avais fini par fuir.

"Un troisième album pour la bandonéiste Louise Jallu, en passe de devenir l’une des musiciennes les plus en vue d’un jazz hexagonal résolument tourné vers des expérimentations inédites. "

L’avenir du bandonéon est-il féminin? Chose certaine, la française Louise Jallu emmène cet instrument vers des nouveaux sentiers. Avec Jeu, son troisième opus, Louise Jallu permet au bandonéon d’aller au delà du regretté Astor Piazzolla. Ce n’est pas rien.

Témoignant aujourd’hui d’une identité et d’un style de plus en plus affirmé qui regarde sans a priori toutes les musiques, intègre écriture et improvisation sans sourciller

Tous les trois ans la bandonéoniste Louise Jallu fait un pas de géant. C'est fondamentalement dans la composition que se révèle la beauté de ce troisième opus discographique, un arc-en-ciel flamboyant qui donne envie de le remettre sur la platine aussitôt terminé.

Témoignant aujourd’hui d’une identité et d’un style de plus en plus affirmé qui regarde sans a priori toutes les musiques, intègre écriture et improvisation sans sourciller, elle brasse ces divers répertoires joyeusement, avec malice, avec la liberté que lui procure un instrument maîtrisé. Quel potentiel formidable pour une belle équipe à suivre absolument...

Sélection Top Mezzo Mars 2024