NOUVEL ALBUM
PIAZZOLLA 2021
Nombreux sont les hommages au maître du tango nuevo dont on fête le centenaire en 2021. Trop rares sont ceux qui auront su se hisser à la hauteur de ce monument statufié de son vivant. C’est cet Himalaya qu’a osé gravir Louise Jallu, non sans l’insouciance qui qualifie la jeunesse. À ses côtés, la bandonéoniste aura pu compter sur deux hommes d’expérience : Bernard Cavanna, le co-créateur de la chaire de bandonéon au conservatoire de Gennevilliers, et l’immense pianiste Gustavo Beytelmann, qui eut l’heur de jouer auprès de Piazzolla. Ces deux-là savent bien que pour se mesurer à un tel défi il faut maintenir un cap permettant de saisir toute l’essentielle ambivalence de Piazzolla: puiser au cœur de la tradition la plus profonde pour y trouver la source de pistes inédites.
« Plus on s'immerge dans la musique de Piazzolla, plus on prend conscience qu'il faille abandonner les évidences et chercher dans sa "mécanique secrète" - la "mécanique sécrète" de ses articulations, de ses ruptures rythmiques, de ses mélodies sans cesse tendues et en extension - des espaces nouveaux, d'autres projections possibles, quitte parfois à s'y perdre car au fond, nous ne savons pas vraiment où elle nous mènera.», prévient Louise Jallu qui choisit de passer à la loupe – parfois même à la découpe – une dizaine de pièces de ce mélodiste hors pair. Oblivion, Buenos Aires Hora Cero, Soledad, Adios Nonino et bien entendu Libertango sont ainsi au programme de ce recueil. La « petite » Française, elle, choisit de ne pas jouer la carte revival, préférant s’échapper de l'original pour tracer à partir de ce sillon sa propre originalité. En clair jouer dans l’esprit, jamais à la lettre près.
« Si l’on prétend apporter quelque chose de nouveau, il s’agit de faire autre chose. S’emparer de sa musique comme s’il s’agissait d’un standard et l’amener ailleurs. » Loin de sombrer dans la pâle copie, Louise Jallu choisit de fait plutôt une relecture aussi scrupuleuse que critique, ralentissant le tempo, ouvrant des espaces propres à l’improvisation, restructurant le matériau thématique, libérant de nouvelles voies harmoniques, reformulant la mélodie. En un mot elle ajoute ses commentaires, à la façon des notes de bas de page, quitte à prendre le parti pris d’une certaine irrévérence pour faire d’autant mieux preuve de toute sa déférence envers l’Argentin. Histoire de coller à la singulière post-modernité qui habitait son œuvre. C’est là que peut s’écrire une relecture pertinente de ce maître à déjouer les clichés pour qui sait écouter entre les lignes : ici une accentuation, là des mesures finement composées, plus loin un rythme qui tangue, une modulation qui libère des fréquences, des sons d’ambiance qui viennent en surimpression, tant et tant de reconstructions qui promettent des lendemains en chantier. Tout cet arsenal de possibilités de création, sous-jacentes aux partitions originales, dont sait user Louise Jallu, à l’image des obliques tracées par son quartet composé du violoniste Mathias Lévy, du claviériste Grégoire Letouvet et du contrebassiste Alexandre Perrot, ou du bugle hors-norme de Médéric Collignon, invité sur un titre. Présence emblématique, évocation fantomatique, magnifique improvisation avant d’en revenir à ces quelques touches d’un clavier électrique dont l’écho se poursuit bien après s’être tu. Comme une évidence. Jacques Denis
VIDÉOS
piazzolla 2021
francesita

LOUISE JALLU
BIOGRAPHIE
Avec plus de vingt ans de bandonéon dans les bras, Louise Jallu peut malgré son
jeune âge légitimement s’estimer comme une musicienne accomplie. Il faut dire
qu’elle a commencé à cinq ans, intégrant le réputé conservatoire de Gennevilliers, sa
ville natale. La jeune fille grandie dans une famille mélomane – à la maison on
écoute Monk, Bartók et Piazzolla – va trouver dans cette institution fondée par
Bernard Cavanna matière à épancher sa curiosité pour le monde des musiques, tout
en labourant de plus en plus profond le riche terreau du tango, une passion qui
deviendra bientôt sa profession. Durant ses années d’apprentissage, elle bénéficiera
des leçons de grands pairs considérés parmi les meilleurs experts, notamment César
Stroscio et Juan José Mosalini qui prodiguent à la prodige les qualités fondamentales
pour se faire un son dans le cénacle du tango : connaître son histoire et maîtriser
l’instrument, sans pour autant endosser la panoplie de la simple copiste.
C’est ainsi, mue par ce don d’ubiquité, cultivant tout à la fois un désir
d’expérimentation tout en s’encrant résolument dans une longue tradition, que Louise Jallu va peu à peu affiner son doigté et affûter sa plume, afin d’affirmer son
expressivité tant sur le bandonéon que sur la partition. Pour avoir de multiples
mentors, citant parmi ses maîtres à jouer Anibal Troilo, Astor Piazzolla, Máximo Mori,
ou encore Dino Saluzzi, la jeune femme n’en est pas moins une personnalité
singulière dans un milieu longtemps considéré comme machiste. Les temps
changent, et cela s’entend.
Pas même majeure, mais déjà titulaire de son diplôme d’étude musical et ayant
glané le deuxième Prix de la catégorie bandonéon solo du Concours International de
Klingenthal (Allemagne), elle décide d’ailleurs de fonder sa propre formation, Louise
Jallu Quartet, tout en accumulant les collaborations en tout genre, auprès de la
chanteuse grecque Katerina Fotinaki comme de Sanseverino, avec les jazzmen dont
Claude Barthélémy et Claude Tchamitchian, sans oublier l’esthète argentin Tomás
Gubitsch.
Lauréate de la Fondation Jean-Luc Lagardère
Sylvain Gripoix

Christophe Raynaud de Lage
Ces derniers seront conviés pour l’ambitieux projet Francesita, un double album qui la révèle au plus grand nombre : tout en convoquant ses arrangements de tangos d’Enrique Delfino, elle se propose d’évoquer les femmes victimes de la traite des blanches dans les maisons closes de Buenos Aires dans les années 1920. En solo comme en quartet, mais aussi en soliste avec l’Orchestre Nationale de Bretagne (« Sonatine Orchestra » de Bernard Cavanna), au travers de ses écrits (elle vient d’ailleurs de créer l’Edition bisonore dédiée à la composition du bandonéon), la bandonéoniste demeure fidèle à sa ligne de conduite émancipatrice des dogmes qui fixent la pensée : réinvestir les valeurs fondatrices de cette musique du Tout-Monde,
pour la réinventer de plus belle. Le tango n’a-t-il pas dans son ADN ce nécessaire penchant pour l’oblique qui invite aux plus libres transgressions ?!
Jacques Denis
agenda
JUIN 19
LOUISE JALLU QUARTET
Piazzolla 2021 Le Triton (Les Lilas)
JUILLEt : 10
LOUISE JALLU QUARTET
Piazzolla 2021 Paris Festival Festival (Parc Floral de
Paris)
JUILLEt : 24
LOUISE JALLU QUARTET
Piazzolla 2021 Festival MoZ’aïque, Le Havre
JANVIER : 10
Piazzolla 2021
Concert de sortie à la
Philharmonie de Paris
Louise Jallu Quartet
FÉVRIER : 4
Louise Jallu Solo Chorus
Le Mans
FÉVRIER : 6
Louise Jallu Quartet
Piazzolla 2021
Théâtre de Caen
Jazz dans les foyers
FÉVRIER : 7
Louise Jallu Quartet
Piazzolla 2021 Chorus
Le Mans
FÉVRIER : 16
Piazzolla 2021
Centre Culturel de Vendenheim
Louise Jallu Quartet
MARS : 14
Louise Jallu Quartet
Piazzolla 2021
Festival Jazz au Féminin
(Bagneux)
AVRIL : 24
LOUISE JALLU QUARTET
Piazzolla 2021
Le Delta (Namur)
MAI : 11
LOUISE JALLU SOLO
Le Perreux-sur-Marne
MAI : 20
Louise Jallu soliste avec l’Orchestre National de Bretagne création de «
Sonatine Orchestra » de Bernard Cavanna
Théâtre National de Bretagne (Rennes)
NOVEMBRE : 19
Birdland Jazz Club
Neuburg (Allemagne)
NOVEMBRE : 26
Festival Jazz au Fil de l’Oise
MAI 2022 : 18
LOUISE JALLU QUARTET
Piazzolla 2021, Arsenal de Metz
SEPTEMBRE : 3/4/5
FESTIVAL BATÔ JAZZ
Aix-les Bains
OCTOBRE : 2
LOUISE JALLU QUARTET
Piazzolla 2021, Courtenay (45)
SEPTEMBRE : 26/29
CRÉATION POUR BANDONÉON ET QUATUOR À CORDES
Klaus-Peter Werani & l'Ensemble Sillages.
Allemagne